Prise en charge intégrée des cas de paludisme et lutte anti-vectorielle dans la communauté : étude pilote en République Centrafricaine
En République Centrafricaine, le poids du paludisme est très élevé chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. La Centrafrique affiche le deuxième taux de mortalité néonatale le plus élevé au monde derrière le Pakistan. Mais le paludisme reste la première cause de mortalité en Centrafrique, frappant particulièrement les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Les deux tiers des consultations pédiatriques des enfants de moins de 5 ans sont liés au paludisme.
La Centrafrique vise les objectifs mondiaux de réduction de l’incidence et de la mortalité associée de 40% en 2020, 75% en 2025 et 90% en 2030. Un défi qui nécessite un effort de financement conséquent et continu notamment par la distribution de Moustiquaires Imprégnées d’Insecticides de Longue Durée (MIILD), des traitements antipaludiques, mais aussi des soins ainsi que des tests de diagnostic rapides et fiables.
Pour résoudre ce défi, le pays en 2015 a adopté la stratégie de la Prise en Charge Communautaire intégrée. Elle donne aux agents de santé communautaire (ASCs), les compétences nécessaires pour offrir des soins de proximité, en vue de réduire considérablement la morbidité et la mortalité dans la population des enfants de moins de 5 ans.
Dans le cadre du paludisme, l’Institut Pasteur de Bangui (IPB) appuie le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) sur le volet évaluation de meilleures stratégies thérapeutiques pour lutter contre le paludisme. Durant les périodes du 8 au 10 décembre et du 14 au 16 décembre 2020, l’IPB a lancé les activités de l’étude « Prise en charge intégrée des cas de paludisme et la lutte anti-vectorielle dans la communauté : étude pilote en République Centrafricaine » à Gbozo dans l’Ombella M’poko et à Batalimo dans la Lobaye. Cette étude vise à estimer le nombre de cas de paludisme évités dans la zone couverte par le projet et son évaluation entomologique (vecteurs impliqués dans la transmission, taux d’inoculation entomologiques, Indice sporozoïtique, etc.). Elle a pour objectif de renforcer le réseau communautaire dans la lutte contre le paludisme dans les zones en difficultés en assurant un diagnostic et un traitement immédiat des cas du paludisme à domicile. Il s’agit d’un projet pilote dont les bénéficiaires directs sont les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Cette étude est soutenue financièrement par le Rotary International (Rotary Club La Celle Saint Cloud /France), le Fond Mondial via World Vision par un don des MIILD et le PNLP. Les activités de lancement consistent à former et /ou recycler le personnel de santé et les leaders communautaires sur le diagnostic et le traitement du paludisme, le suivi clinique pour s’assurer de la guérison, l’assainissement de l’environnement et le rappel de l’importance des MIILD. Les agents de santé communautaire sont dotés de médicaments de première ligne pour le traitement du paludisme, microscopes, fiches d’inclusion, kits de laboratoire (Test de Dépistage Rapide, tubes de prélèvement, fournitures de bureau, etc.) et des MIILD.
Ce projet d’étude est l’une des preuves concrètes des objectifs du laboratoire d’entomologie médicale de l’IPB qui, depuis 2011, mène des études sur la connaissance des moustiques d’intérêt médical afin de déterminer le rôle épidémiologique de chaque espèce et proposer des moyens de prévention et de lutte efficaces. Ledit laboratoire est présentement le seul qui dispose d’infrastructures (laboratoire avec insectarium, animalerie etc.) et de personnel qualifié dans ce domaine en RCA. Aussi, ce laboratoire travaille en collaboration avec le laboratoire de Parasitologie, récemment ré-ouvert sur des thématiques visant le paludisme.